Je ne pouvais décemment pas manquer de vous parler de ce fait affligeant, auquel nous nous sommes malheureusement habitués chaque année : à partir d’aujourd’hui, nous, français, vivons écologiquement à crédit (1). C’est le fameux « jour du dépassement ».
Si les intentions de la WWF et du think tank Global Footprint Network, en mettant à disposition ces données, sont – à n’en pas douter- parfaitement louables (#changerlesmentalités), j’ai en revanche beaucoup plus de mal avec la manière dont on nous les retranscrit.
Tous les médias se repaissent tous les ans de cette information- y compris les moins écolo-compatibles – , avec leurs petites phrases tantôt culpabilisantes « les français gaspillent de plus en plus de ressources » tantôt dé-culpabilisantes « le Qatar et les États-Unis sont pires », et prodiguant quasiment tous leurs petits conseils pour que nous nous sentions éventuellement, individuellement, moins responsables de cette situation.
Mais jusqu’ici, de quelles options nous abreuvent t-on réellement pour inverser cette tendance à l’auto-destruction ?
Opter pour des ampoules leds plutôt qu’halogenes, des piles alcalines plutôt que salines, des voitures électriques plutôt que diesel ?
Nous en sommes réellement rendus à ça ?
Ne pourrait-on pas aller plus loin, cesser de gober ces écrans de fumée et accepter qu’on rejette toujours la faute sur nous, et prendre le temps de réfléchir à ce leurre inavoué que représente le sacro-saint « développement durable » ?
Ne devrais t-on pas plutôt s’interroger sur le désengagement de nos gouvernements à :
- mener des politiques qui encouragent à vivre et consommer de façon plus responsables ?
- développer davantage, dans les esprits de nos enfants, les notions de partage, d’équité, de respect, de libre-pensée et d’initiatives ? plutôt que de les formater aux diktats de la pensée unique, de la concurrence, de l’ « échelle sociale » à gravir impérativement..
- réinvestir les centres villes, les banlieues, les campagnes, les commerces de proximité, l’économie locale, sociale et solidaire ? plutôt que de s’incliner devant les zones commerciales, les géants du web et l’économie mondiale..
- S’affirmer devant les multinationales de l’agroalimentaire, de la malbouffe, de la chimie, du pétrole, de la finance ?
Ne serait-il pas opportun de s’interroger aussi sur :
- de quelle « transition écologique » parle t-on quand on laisse l’agriculture -intensive-, l’élevage -inhumain-, la pêche -industrialisée- aux mains des spéculateurs ?
- De quel « développement durable » parle t-on quand la croissance et l’économie prend aussi largement (et de façon aussi manifeste) le pas sur le social et l’écologie ?
Plutôt que de rejeter la faute sur nos soit-disant penchants consuméristes assoiffés de ressources naturelles, les médias devraient peut-être davantage se pencher sur la façon dont les politiques gouvernementales pourraient enfin évoluer (et au moins autant qu’on nous demande de le faire!).